Ce qu’il faut retenir de la #LMDE 7 : La valorisation des eaux pluviales ! Que pouvons-nous faire ?

par | 22 Juin 2022

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Ce qu’il faut retenir de la #LMDE 7 : La valorisation des eaux pluviales ! Que pouvons-nous faire ?

Entre les enjeux de la préservation de la ressource et de l’adaptation de nos territoires, la gestion et la valorisation des eaux pluviales sont au cœur de l’actualité.

Quels sont les usages envisageables pour cette ressource ? Quelle réglementation les encadre ? Quelles sont les technologies existantes ?

C’est sur ces questionnements forts que la 7ème Matinale de l’Eau a débuté le 14 juin 2022.

 

Comment valoriser les eaux pluviales ?

Ce sont Marie TABARY et Fanny GARD du Ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des Territoires, Sandrine POTIER de la FNCCR, Vincent NALIN de l’Agence de l’eau Loire Bretagne ainsi que Arnaud HETEAU, directeur des publications Monreseaudeau.fr qui ont lancé cette matinale de l’eau sur le sujet de la valorisation des eaux pluviales.

Premièrement, si l’on reprend les conclusions de notre sondage préparatoire de l’évènement nous observons que le degré de priorité donné à la gestion des eaux pluviales est élevé, néanmoins seulement 1 personne sur 2 valorise aujourd’hui ces eaux pluviales.

Les principaux freins relevés concernant l’utilisation des eaux pluviales sont en majorité des freins d’usage et d’habitudes (manque d’informations, retour d’expérience…), plutôt que des freins financiers.

Attention cependant à bien faire la différence entre eau de pluie et eaux pluviales, les eaux dites « de pluie » correspondent aux eaux pluviales collectées à l’aval des toitures non accessibles au public alors que les eaux dites « pluviales » sont définies comme la partie de l’écoulement qui est « gérée » par des dispositifs dédiés (infiltration, stockage, transport, traitement éventuel) ; elles interagissent en permanence avec les eaux souterraines et les autres réseaux.

On constate un véritable engagement au niveau national pour favoriser les solutions de réutilisation des eaux non conventionnelles, notamment par suite de l’arrêté du 21 Aout 2008.

Cependant, des points de vigilances sont à prendre en compte quand on parle de valorisation d’eaux pluviales à savoir :

    • Les aménagements
    • Les économies d’eau et/ou financement de l’assainissement
    • La déconnexion au réseau

Il est également important de souligner le travail des agences de l’eau en France, établissements publics permettant de mettre en œuvre la gestion équilibrée de la ressource en eau.

La concertation entre les acteurs est essentielle puisque nous partageons tous la même ressource en eau. Un objectif prioritaire est développé, il s’agit du bon état des eaux, celui-ci est est essentiellement basé sur la diversité biologique.

La Directive Cadre sur l’Eau d’octobre 2000 pose comme objectif un bon état des eaux au plus tard en 2027 pour les masses d’eau. D’après un état des lieux de 2019 seulement 24 % des cours d’eau sont en bon ou très bon état en Loire-Bretagne.

Ces objectifs nécessitent une adaptation au changement climatique puisque l’on prévoit une baisse du débit de court d’eau de 20 à 50% selon les zones.

L’impact du mode de gestion des eaux pluviales sur l’état des eaux est qualitatif voir quantitatif. L’augmentation de l’imperméabilisation et le « tout à l’égout » menace la qualité de l’eau et la sécurité des personnes et des biens… Sans oublier que toutes l’eau potable vient de la pluie.

La priorité est donc d’intégrer les eaux pluviales à l’urbanisme.

Atelier 1 sous le parrainage de FRAENKISCHE | Renaturaliser la ville grâce aux eaux pluviales

C’est Jean-Michel VIART, maire de ST JULIEN LES VILLAS et vice-président TCM en charge du cycle de l’eau qui ouvre le débat. Il pose le contexte de la réfection de la voirie Jean Jacques Rousseau, rue d’environ 220m de long, faisant l’objet d’un projet d’amélioration de gestion de l’eau.

Ce projet va permettre une requalification du cœur de ville tout en intégrant la gestion des eaux pluviales ainsi que des avantages pour les riverains.

Les objectifs de ce projet sont les suivants :

1. Renouveler l’enrobé de la chaussée
2. Enfouir les réseaux aériens
3. Remise à niveau des réseaux d’eau potable et d’assainissement collectif
4. Réaliser un trottoir PMR
5. Infiltration des eaux de voiries dans les trottoirs et noues
6. Déconnection des descentes d’eaux pluviales des riverains du réseau d’eau pluvial de la voirie

Viens le tour de Christophe EMORINE, directeur du développement chez Fraenkische, de nous présenter la solution RigoPlant dans le cadre d’une gestion intégrée des eaux pluviales.

Celui-ci part du principe assez simple, celui de réaliser une canalisation des eaux de ruissellement avec un point d’entrée pour concentrer les polluants à un seul endroit et non pas de permettre leur diffusion.

Le Rigoplant permet une gestion globale sur une surface relativement serrée environ 300m2 et ainsi récupérer les eaux de ruissellement dans un système qui permet d’alimenter ensuite une structure infiltrante.

C’est un système autonome qui permet de gérer et récupérer les pluies chroniques, ce système permet une gestion combinée :

    • Gestion quantitative des eaux de ruissellement : Favoriser l’infiltration de l’eau là où elle tombe
    • Gestion qualitative des eaux de ruissellement : Entrée des Polluants en un point

En termes d’applications, on trouve premièrement les travaux neufs, avec une gestion sans tuyaux, et deuxièmement les réhabilitations avec une déconnexion des réseaux.

Atelier 2 sous le parrainage du CERIB | Valoriser les eaux pluviales en les gérant efficacement et durablement

L’industrie du béton regroupe les entreprises qui fabriquent en usines fixes des produits en béton destinés aux marchés du bâtiment, des travaux publics et de la voirie, regroupant environ 500 entreprises et 738 sites de production pour un centre technique : le CERIB.

Pour gérer les eaux pluviales, il faut nécessairement assurer une ou plusieurs fonctions selon le besoin :

1. Collecter / transporter / infiltrer
2. Stocker
3. Prétraiter
4. Protéger, réguler et contrôler le rejet

Des solutions en produits préfabriqués existent pour assurer ces 4 types de fonctions : caniveaux, têtes de ponts, tuyaux, revêtements drainants, bassins enterrés ou à ciel ouvert, collecteurs de stockage, chaussées à structure réservoir…

Il est essentiel de valoriser et d’assurer la pérennité des réseaux par un dimensionnement adapté, c’est pour cela qu’un logiciel a été développé : le logiciel ODUC+ proposé gratuitement sur le site CERIB.

Il permet d’accéder à 5 portes d’entrées :

1. Je collecte
2. Je transporte
3. J’utilise
4. Je respecte l’environnement
5. Je chiffre

Atelier 3 sous le parrainage de GRAF |
Décryptage d’un projet de valorisation des eaux de pluie, co-financé par l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse

Cet atelier débute en mettant en lumière la volonté d’un dirigeant de réduire l’impact environnemental de son entreprise.

« Lorsque j’ai repris l’entreprise, j’ai souhaité donner une impulsion verte à nos travaux » Christian Wicker

Wicker TP, entreprise familiale de travaux publics, d’environ 40 salariés, menant deux objectifs principaux : permettre une économie de la ressource en eau et également de créer un ouvrage évitant tout type de pollution des sols.

Plusieurs parties prenantes vont intervenir, notamment la CCI Alsace Eurométropole qui vient jouer 4 rôles clés dans ce projet :

1. Information : informer les entreprises de l’existence des dispositifs d’aide de l’agence de l’eau Rhin-Meuse
2. Conseil : Conseiller les entreprises au travers de diagnostic de terrain réalisé à la demande
3. Accompagnement : Aller jusqu’à l’accompagnement final de ces projets
4. Facilitateur : Recherche des prestataires ainsi que le montage intégral du dossier de demande de financement auprès de l’agence de l’eau

C’est dans cette démarche plus écologique et dans ce projet que mène l’entreprise Wicker TP, qu’intervient l’entreprise Graf, entreprise familiale, et leader européen sur les marchés de gestion des eaux pluviales et traitement des eaux usées avec 60 ans d’expérience.

Afin de répondre au besoin de Wicker TP souhaitant réduire la consommation d’eau potable en la remplaçant par de l’eau de pluie, l’entreprise Graf vient apporter sa solution : la cuve à enterrer Carat de 42 000 litres avec filtration intégrée.

Par suite de cette installation, l’entreprise Wicker TP a vu sa consommation d’eau réduire de 60% tout en ayant une activité garantie même en cas d’arrêté sécheresse.

De plus, ce beau projet a été récompensé par les Trophées de l’Eau, organisés par l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse.

Il est intéressant de relever les enseignements tirés de ce projet, notamment en 4 points stratégiques : 

1. S’engager vers des pratiques vertueuses
2. Faire connaitre son projet autour de soi pour mobiliser des relais
3. Anticiper les évolutions de la réglementation (exemple des arrêtés sécheresse)
4. Réaliser une étude environnementale préalable

Attention cependant à définir son besoin réel en prenant en compte la pluviométrie de la région, la surface de toiture raccordée, le besoin en eau de pluie, les contraintes liées au projets (passage de véhicules, présence de nappe…). 

Atelier 4 sous le parrainage de STRADAL | Comment valoriser les eaux de ruissellement urbaines ?

Julien PERY, Regional Business Manager chez Hydro international débute ce 4ème atelier en rappelant la réglementation.

Aujourd’hui, dans un projet de réaménagement la gestion des eaux pluviales est nécessairement prise en compte impliquant des dossiers techniques à déposer auprès des autorités administratives.

Que le projet prévoit un écoulement vers le réseau ou la mise en œuvre de techniques d’infiltration naturelle, de stockage ou de rétention, le cahier des charges doit respecter la réglementation Eaux Pluviales et le cadre législatif vigueur sur le territoire (loi NOTRE, arrêté du 21 juillet 2015…).

Julien PERY poursuit avec le constat que la plus grande partie de la pollution des eaux pluviales est invisible.

Pour rappel, les pollutions liées aux MES tels que les métaux lourds, les HAP, les microplastiques urbains et issus des pneumatiques ne sont pas biodégradés par le sol et les végétaux et si elles ne sont pas captées dans un ouvrage de traitement et vont s’accumuler dans le sol qui agit comme un filtre mécanique en piégeant et accumulant la pollution chronique.

Idéalement, il s’agit de décloisonner les solutions et de combiner prétraitement et solutions fondées sur la nature.

Si vous souhaitez en savoir plus sur les sources de polluants dans le ruissellement urbain, téléchargez le cahier technique Monreseaudeau.fr.

Les impacts du ruissellement sur les ouvrages de gestion sont par exemple l’accumulation de MES, sables et matériaux granulaires dans les ouvrages de stockage et organes intermédiaire…

Les conséquences sur les réseaux sont fortes, on constate des pertes de capacité hydraulique du volume de stockage pour les pluies intenses (rétention et infiltration), colmatage des structures d’infiltrations et des organes de régulation.

De plus, les couts d’entretien sont plus élevés et non budgété selon l’augmentation des fréquences de passage.

Pour remédier à ses impacts, des solutions peuvent être appliquées comme cibler les MES, et autres déchets avant les structures de stockage/infiltration permettant de réduire les couts d’entretien et pérennise le fonctionnement hydraulique des structures.

C’est au tour de Hugues JULIEN, chef de marché traitement et collecte des eaux chez Stradal de prendre la parole. Stradal travaille en collaboration avec la plupart des agglomérations françaises, sur l’assainissement, le stockage, l’infiltration ou sur le traitement.

Sur la partie traitement découvrez les retours d’expériences de Stradal :

1. Augmentation de la qualité de vie en ville – création de zone d’agréement
2. Réalimentation en eau de la nappe et des sols – Gestion intégrée des EP avec infiltration
3. Valoriser le patrimoine – Mise en séparatif EP/EU
4. Cout total de l’appareil durant sa durée de vie – Entretien comme vecteur d’amortissement
5. Support à la biodiversité – Protection d’un environnement fragile

Pour conclure ce 4ème atelier, on note une évolution permanente sur des bases scientifiques Internationales.

Amenant à des performances plus fines et plus fortes, adaptées aux dernières connaissances, vérifiées par des tiers de confiance, validée par les Polices de l’eau et mise en œuvre par les collectivités responsables.

Plénière de clôture en présence de l’ATEP et du Pôle DREAM & Milieux

Pour clore cette 7ème Matinale de l’eau, Hervé GABORIAU, directeur du Pôle DREAM Eau et Milieux présente les travaux DREAM sur la question de gestion intégrée des eaux pluviales.

France Water TEAM, pôle de compétitivité depuis 2019, possédant 3 membres fondateurs que sont : Hydreos, Aqua Valley ainsi que Pôle Dream Eau et Milieux possédant un écosystème de 460 membres affiliés.

Le Pôle DREAM Eau et Milieu est donc l’un des 3 membres fondateurs de France Water Team avec pour identité la gestion durable et partagée de la ressource en eau.

La vision des enjeux de l’eau dans un contexte de changement climatique pour DREAM se base sur :

1. Economiser les ressources (quantité), moins consommer (sobriété)
2. Partager les ressources (gestion multi-usage)
3. Recycler (économie circulaire de l’eau)
4. Protéger la-les ressources (qualité) et les milieux associés

Effectivement, la gestion durable des eaux pluviales est une nécessité qui s’impose lorsque l’on constate que 55% des eaux pluviales ruissellent en milieu urbain contre moins de 10% en milieu naturel.

Gérer les eaux pluviales de manière intégrée va permettre de redonner de la valeur à l’eau en réduisant les risques d’inondation par ruissellement, limitant les transferts de pollution tout en améliorant la qualité des cours d’eau…

Les perspectives du Pôle DREAM Eau et Milieu se découpent en 3 axes : améliorer les connaissances, développer l’innovation, et accompagner le changement.

Cédric FONTAINE, président de la section « Gestion des Eaux Pluviales » de l’ATEP poursuit cette plénière de clôture.

L’identité de l’ATEP se définit en 3 points clés :

    • Le traitement des eaux usées : séparation à la source et assainissement non collectif
    • La récupération, le stockage et le traitement des eaux de pluie
    • La valorisation des eaux non conventionnelles (eaux usées traitées, eaux grises, eaux pluviales)

Des constats mettent en lumière des avancées positives telles que : la prise en compte collective et individuelle de la nécessité de valoriser les eaux pluviales ainsi que le développement de très nombreuses solutions techniques.

Cependant des freins restent encore à lever, puisque l’on remarque un réel manque de cohérence entre objectifs, solutions et ouvrages, peut-être lié à ce besoin de pédagogie.

Il sera également nécessaire de valoriser les solutions techniques considérées comme concurrentes car elles sont finalement complémentaires.

Cédric FONTAINE finira en soulignant l’importance d’œuvrer pour une prise en compte de l’ensemble des impacts positifs et négatifs de chaque solution mise en œuvre.

Acteurs cités dans cet article

STRADAL

STRADAL Découvrir

Ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des Territoires

Ministère de la Transition Ecologique et de la cohésion des territoires Découvrir

GRAF

GRAF Découvrir

FRAENKISCHE FRANCE SAS

Découvrir

FNCCR

FNCCR Découvrir

DREAM Eau & Milieux

France Water Team Découvrir

CERIB

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Agence de l’Eau Loire Bretagne

Agence de l'Eau Loire Bretagne Découvrir

Acteurs du Traitement des Eaux de la Parcelle (ATEP)

ATEP Découvrir

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