Partie 2 | Responsabilité du maitre d’ouvrage : connaissance des réseaux et outils de base

par | 4 Mar 2022

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Partie 2 | Responsabilité du maitre d’ouvrage : connaissance des réseaux et outils de base

A l’occasion d’un échange,  Jean-François Maregiano, président de SISYPHE nous livre son point de vue sur la responsabilité du Maître d’Ouvrage d’un réseau d’eau.

La première partie de cette analyse porte sur la refonte législative tandis que la deuxième aborde la connaissance du réseau et des outils associés.

La connaissance des réseaux est simple à acquérir.

Jean-François Maregiano

Président, SISYPHE

Nos anciens faisaient des plans papier, très beaux, mais inadaptés à nos outils actuels. En particulier ils travaillaient sur un seul calque alors que nos outils informatiques travaillent sur une grande quantité de calques superposés.

De plus les plans n’ont pas été toujours correctement réactualisé en fonction des travaux réalisés.

Pour les actualiser la meilleure méthode consiste à détecter la position des réseaux et à la reporter sur un fond de plan.

La cartographie des réseaux

Article-Sisyphe

La détection des réseaux est basée sur deux méthodes complémentaires que sont la détection électromagnétique et le géoradar.

  • La première consiste à injecter un courant dans une conduite conductrice ou un jonc. En suivant ce courant, on suit la conduite et on peut en mesurer la profondeur.
  • La seconde est une échographie du sol au moyen d’ondes qui sont envoyées et qui sont réfléchies par les différentes hétérogénéités du sol. C’est le géoradar. Il fournit une image du sous-sol très riche en informations.

L’utilisation combinée de ces deux méthodes permet d’obtenir 95 à 98 % des réseaux enterrés. Elles permettent souvent de révéler des surprises comme des conduites surnuméraires, des cuves, des rails et autre ouvrages enterrées dont on a perdu la mémoire, surtout en domaine privé.

Ne vaut-il pas mieux avoir ce type de surprise en phase ‘études’ ? Ne peut-on pas ainsi réfléchir plus sereinement aux solutions économiques à mettre en œuvre face à des imprévus ?

Il reste alors à reporter ces informations sur des fonds de plan.

Les méthodes topographiques classiques sont utilisées. Aujourd’hui elles se multiplient au travers des drones, de la photogrammétrie et autres nuages de points. Nous ne voulons pas aller trop loin dans ce sujet. Sachez que dès que la surface est significative, on peut obtenir une cartographie fiable et de qualité, utilisable sur la plupart des standards de dessins, pour environ 1 €/m².

C’est peu par rapport au cout du projet et surtout par rapport au surcout lié à un accident. 

A la FNEDRE (Fédération Nationale des Entreprises de Détection des Réseaux Enterrés) il existe près de 200 prestataires qui font un travail de qualité.

Le diagnostic des réseaux

Cette cartographie n’est qu’une photo de vos réseaux. Elle n’explique pas leur fonctionnent et encore moins leur conformité.

Ceci est particulièrement vrai dans le cas des réseaux humides en site industriel.

La conformité des réseaux doit être vérifiée, les fuites doivent être détectées et les capacités de transport vérifiées. Pour cela une étude complémentaire est nécessaire. Sa qualité et les outils utilisés dépend du site et des objectifs visés.

Les bénéfices attendus de cette réforme 

Comme vous le savez, la connaissance de l’existant est un préalable indispensable à toute étude.

 

Les chartes qualité 

Cette démarche initiée au milieu des années 80 s’est progressivement étendue à l’ensemble du territoire national sur les réseaux d’assainissement. Elle a aussi séduit les acteurs de l’Eau Potable et des réseaux pression dans les années 2000.

Elle est aujourd’hui un préalable à tout financement par la plupart des Agences de l’Eau en France. Elle a été adoptée par la plupart des Ingénieristes dans leur procédures qualité. La détection et le géoréférencement des réseaux en est une partie significative.

 

La réduction des coûts de projet 

Nous pouvons, à partir d’un diagnostic bien posé, faire un projet fiable et surtout moins risqué en terme d’incident de réalisation.

Si la réglementation est bien suivie, les sujets de réclamations des entreprises de travaux sont réduits. Une étude menée aux Etats-Unis dans les années 2000 a montré que pour 1 $ investi en détection de réseaux on peut attendre plus de 2 $ d’économies sur un projet.

Le maître d’ouvrage n’est pas le seul bénéficiaire de ces économies : 

  • Son maître d’œuvre bénéficie d’un bon projet, avec moins de surprise. Il passe moins de temps à suivre le projet. Il évite surtout un bon nombre de ‘surprises’ qu’il a souvent du mal à se faire payer.
  • L’entreprise travaille de manière plus confortable. Elle peut mieux se consacrer à l’optimisation de ses méthodes et donc de ses couts.

 

Qui est responsable en cas de casse ? 

Sur le principe de la Responsabilité Civile, c’est le fautif, c’est-à-dire : 

  • Le Responsable de Projet ou son représentant si les études ont été incomplètes.
  • L’exploitant s’il a donné de fausses informations.
  • L’Entreprise de travaux si elle casse des réseaux dont elle connait la position.
  • Et pourquoi pas le prestataire en détection si elle ne respecte pas son obligation de résultat.

La réalité de terrain est parfois beaucoup plus complexe. Les cas particuliers sont nombreux. La jurisprudence a commencé à adopter ces règles. Nous pensons qu’elle les renforcera.

 

La maintenance préventive et prédictive 

Les outils de cartographie modernes, et une bonne organisation dans la gestion des plans, permettent de bénéficier d’un système d’information géographique (SIG) fiable. Il peut servir de base aux outils de gestion préventifs et prédictifs en développement.

L’intelligence artificielle (IA) permet dès aujourd’hui d’optimiser la gestion de nos réseaux enterrés, et tout particulièrement les réseaux humides.

 

Le cas des sites privés ou industriels est un peu particulier 

L’expérience nous a montré que la méconnaissance du patrimoine enterré y est souvent la règle.

Elle nous a aussi montré la satisfaction des services quand ils se rendent compte qu’ils peuvent bénéficier d’une information fiable pour un cout raisonnable.

C’est pourquoi nous pensons qu’il faut convaincre nos interlocuteurs de la nécessité de faire ces investigations pour leur bénéfice.

Acteurs cités dans cet article

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